Balivernes

Idée reçue

« Les invasions barbares ont mis le pays à feu et à sang »

On ne parle plus aujourd’hui d’« invasions barbares » à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge, mais de « grandes migrations ». D’une part, l’empire romain d’Occident ne s’effondre pas brutalement au début du Ve siècle : instable à l’intérieur, il peine à protéger ses frontières. D’autre part, depuis le IIIe siècle, des crises climatiques obligent certains peuples,  notamment germaniques, à quitter leurs territoires pour en trouver de plus favorables.

Les « invasions » correspondent en réalité à de longs mouvements migratoires, qui ne furent ni soudains ni massifs, entamés dès les IIe et IIIe siècles. Il y a eu des épisodes violents – les Huns soumettant les Ostrogoths, tandis que les Wisigoths migrent vers l’empire d’Orient –, mais aussi des installations dans le cadre de pactes pacifiques.

Très tôt, l’Empire place à de hauts postes des « barbares » (ni Grecs ni Romains). Certains peuples (Francs, Alamans, Burgondes, Wisigoths) passent un contrat avec Rome, qui leur accorde le droit de s’installer en terre romaine tout en conservant leurs propres chefs, lois et coutumes. En échange, ils doivent assurer un service militaire, défendre le territoire reçu et cultiver la terre. De nombreux « barbares » sont donc installés avant le Ve siècle en toute légalité dans l’Empire.

Très minoritaires par rapport aux Gallo-Romains, des groupes d’hommes en armes, de paysans et d’artisans, se déplacent avec leurs familles. Ils veulent acquérir des richesses, mais aussi se fixer dans un territoire occupé de gré ou de force. Vers la fin du Ve siècle, les rivalités entre les différents peuples s’accentuent et aboutissent, en Gaule, à la prise de pouvoir par Clovis et les Francs.

La fouille des sépultures montre ces mouvements de populations et leur intégration progressive, dont témoignent les pratiques funéraires, les transferts de savoir-faire et d’objets (armes, bijoux, etc.). On assiste à une fusion entre héritages gallo-romains et apports nouveaux, tandis que se développe l’influence du christianisme.