Balivernes
Idée reçue
« Les gens étaient sales »
L’image que l’on se fait de l’homme médiéval ne coïncide pas précisément avec notre notion de la propreté ! Nous avons tous en tête des films montrant des personnages à la bouche édentée, habillés de guenilles et recouvert des puces. Cependant, que l’on se réfère aux documents médiévaux, avec leurs enluminures et leurs miniatures, ou aux squelettes observés lors des fouilles archéologiques des cimetières de l'époque, cette vision s’avère fausse.
Au Moyen Âge, les populations savent qu’une bonne santé est en partie liée à l’hygiène corporelle et domestique. La tradition orale et différents ouvrages médicaux traduits du latin et de l’arabe (comme le Traité des fièvres et de l’urine de Constantin l’Africain) ou écrits en Europe à partir du XIIe siècle (comme Le Régime du corps d’Aldebrandin de Sienne) insistent sur l'importance de la propreté. En revanche les méfaits occasionnés par le déficit d’hygiène publique sont beaucoup moins connus.
Les archéologues découvrent parfois des vestiges d’étuves (des cuves en bois) et de savons constitués de cendre et de graisse. De petits ustensiles prouvent que l’on se cure les oreilles, les dents, les ongles des pieds et des mains. Il existe des dentifrices naturels (à base de corail en poudre et d’os de seiche). Les dents des squelettes médiévaux comportent bien moins de caries que nos bouches actuelles. Les principaux troubles dentaires concernent la perte des dents liée aux carences alimentaires.
Les plus graves problèmes d’hygiène proviennent en fait de l’insalubrité des lieux de vie. Faute d’égout, les eaux usées croupissent dans les zones d’habitation et sont à l’origine de maladies comme la dysenterie et toutes sortes de diarrhées infectieuses. Les matières fécales et les immondices s’accumulent dans les villes, entraînant la multiplication de bactéries nocives. La présence de rats favorise la propagation des épidémies de peste. En cas de consommation de nourriture souillée ou d’eau non potable, la poliomyélite ou le choléra peuvent sévir.