Balivernes

Idée reçue

« Il n’y avait plus de villes »

On entend parfois qu'à la chute de l’empire romain, les barbares nomades auraient rasés les villes, les citadins seraient partis en masse se réfugier à la campagne, que le début du Moyen Âge aurait été marqué par la disparition des villes. Qu'en est-il ?
Il est vrai que les indices permettant de connaître la ville du début du Moyen Âge sont rares : peu de textes, et les vestiges archéologiques se réduisent surtout à des « terres noires ». On a longtemps cru que ces épaisses couches de terre très sombre constituaient la preuve matérielle de l’abandon des villes, la nature ayant repris ses droits. Les historiens en avaient conclu que, au début du Moyen Âge, il n’y avait plus de villes et que celles-ci n’avaient pu « renaître » qu’à la période carolingienne (IXe-Xe siècles), grâce au commerce international.

Pourtant, certains textes comme l’Histoire des Francs, écrite au VIe siècle par Grégoire de Tours, décrivent des villes pourvues de routes, de ponts, parfois même des palais et de nombreuses églises.

Les fouilles archéologiques permettent de retrouver les restes de ces églises, ainsi que des sarcophages et les vestiges des enceintes qui fortifiaient les villes. Plus rarement, ce sont des maisons en bois et terre qui sont découvertes, ou des ateliers d’artisans (potiers, métallurgistes) comme à Soissons ou Noyon. Dans la plupart des cas, ces vestiges sont entourés de « terres noires ».

L’utilisation de nouvelles méthodes pour étudier les terres noires a remis en cause l’interprétation d’« abandon » qui en avait d’abord été faite. Ces couches résultent en réalité de l’accumulation des déchets produits par les habitants, transformés au fil du temps. Dans les terres noires, il n’est pas rare de retrouver des morceaux de poteries et d’os, des coquilles d’œuf, des crottes, des cendres, des pépins de raisin, du verre…

Ainsi, il est aujourd’hui possible de montrer qu’il y a bien des habitants, des artisans, des animaux, des maisons, des rues au début du Moyen Âge… Bref, que les villes sont alors bien vivantes.