Sornettes
Idée reçue
« Le peuple vivait dans des cabanes »
Longtemps le Moyen Âge a été présenté comme une société à deux vitesses. D'un côté, les aristocrates vivant dans leurs châteaux et les religieux établis dans des monastères et officiant dans de magnifiques églises. En face d’eux, la grande majorité de la population, besogneuse et misérable, habitant dans de modestes constructions en bois au sein de campagnes dévastées par les invasions. À tel point que les historiens ont parfois qualifié cette période d’« âge du Bois ».
Depuis les années 1990, la multiplication des fouilles d’habitats ruraux du premier Moyen Âge a totalement renouvelé les connaissances, révélant l'existence de bâtiments à vocations multiples, des fermes, des hameaux, des bourgs. Si les constructions sont effectivement le plus souvent en bois et torchis sur une ossature de poteaux plantés, il ne s'agit pas de cabanes mais de véritables maisons, parfois munies d'un étage, et toutes les ressources des terroirs environnants sont mises à profit.
L’utilisation de la pierre est privilégiée dans certaines régions, et des techniques de construction diverses sont mises en œuvre. La ferme de Pratz dans le Jura, vaste bâtiment en pierre de plus de 230 m2 au sol, tranche singulièrement avec les surfaces de nos pavillons actuels ! Même si la pierre constitue une indéniable source de qualité de vie, les architectures en bois sont également confortables et parfois très élaborées, tel le monastère des Pères du Jura, près de Saint-Claude, dont la description indique des étages et une multitude de pièces.
Dans le domaine religieux, la découverte de plus en plus fréquente d’édifices de culte en bois est l’un des apports récents de l’archéologie. Les églises étaient beaucoup plus nombreuses qu’on ne le soupçonnait en l'an mille.
Cette diversité des manières de construire témoigne d’un extraordinaire dynamisme et de spécificités régionales qui rompent avec la normalisation du bâti qu'a connu l’époque romaine.