Balivernes

« Les routes dataient de l’Antiquité »

À pied, à cheval, sur des charriots tirés par des bœufs ou des ânes, en bateau sur les rivières, les fleuves ou la mer, on circule énormément au Moyen Âge : l’ouvrier agricole pour vendre sa force de travail, l’artisan son savoir-faire, le commerçant des objets achetés ici ou là ; le pèlerin pour manifester sa dévotion, le moine pour évangéliser les populations ; le soldat et le chevalier pour guerroyer ou partir aux croisades…

Certes le Moyen Âge a hérité  d’un réseau de voies établi pendant la période gallo-romaine. Mais, faute d’entretien par un pouvoir centralisé, celui-ci s’est beaucoup détérioré. Surtout, il n’est plus adapté aux mutations de l’espace rural, aux nouveaux axes d’échanges, aux nouveaux pôles d’attraction (pèlerinages, Terre Sainte, États du Moyen-Orient). Chemins et routes relient les fermes, les villages, les villes, les nouveaux centres de pouvoir, ou mènent aux marchés et aux foires qui se développent à l’époque.

Si certains itinéraires antiques sont maintenus ou transformés, d’autres sont créés. Rarement empierrés et souvent peu praticables, la plupart n’ont laissé que des traces archéologiques très ténues, tels les fossés qui les bordaient. De rares vestiges de chaussées en pierre, comme le tronçon de la Via Mansuerisca en Belgique, montrent des techniques de construction sophistiquées. Les nombreux ponts datant du Moyen Âge, dont certains, comme celui d’Avignon, sont encore visibles aujourd’hui, témoignent toutefois de la diversification des circuits.

Dès le VIIe siècle, de nouvelles routes créées vers l’Europe du Nord aboutissent à de nouveaux comptoirs commerciaux sur la façade atlantique, comme le port de Quentovic (Pas-de-Calais). À partir du XIIe siècle, les échanges s’intensifient avec l’Angleterre et l’Irlande, les pourtours de la Baltique et de la Méditerranée. Les fouilles archéologiques livrent des monnaies, céramiques, etc., qui permettent de suivre ces multiples itinéraires.

À l’échelle du terroir comme à celle de l’ancien Empire, tous les chemins du Moyen Âge ne mènent plus à Rome !