Paléogénétique
À la recherche des génomes anciens
Depuis le début des années 2010, une nouvelle discipline a littéralement révolutionné les moyens à la disposition des archéologues pour connaître le passé. Des progrès récents dans les technologies de séquençage de l’ADN ont en effet ouvert la porte à l’étude des génomes anciens.
L’ADN est une molécule que l’on retrouve dans toutes les cellules des organismes vivants et qui est transmise, avec modification, de parents en enfants. Il se présente sous la forme de deux longues molécules enroulées l’une sur l’autre ; chacune de ces molécules est formée par l’enchaînement de quatre unités nommées nucléotides (A, T, C et G), reliées par paires aux nucléotides de l’autre brin. L’ADN forme ainsi un immense document de 3,2 milliards de lettres dans lequel se trouvent encodées toutes les informations nécessaires à la création d’un être vivant spécifique : c’est le génome.
L’ADN peut se conserver dans le sol pendant des milliers d’années – moins longtemps dans les climats chauds. Sa dégradation au cours du temps réduit à une infime quantité l’ADN endogène (originel) présent dans les échantillons. De plus, ces derniers ayant été conservés dans le sol, ils sont souvent contaminés par l’ADN environnemental, c’est-à-dire celui des bactéries, champignons, virus et autres organismes voisins. Le séquençage (ordre dans lequel se succèdent les paires de nucléotides) de l’ADN donne accès à une multitude d’informations sur les ancêtres des individus considérés et sur leur origine, ainsi que sur l’histoire démographique des populations anciennes.
L’étude de l’ADN ancien se nomme paléogénétique – voire paléogénomique si l’étude est menée à l’échelle du génome complet. La paléogénomique a ainsi permis de reconstituer assez précisément l’histoire des populations humaines qui se sont succédé sur le sol européen au cours du temps et de montrer que celles qui arrivaient se sont souvent métissées avec les populations locales, tels les Homo sapiens venus d’Afrique avec les hommes de Néandertal.