Environnement
Des nouvelles d’Helmut, le mammouth !
Surnommé Helmut, le mammouth laineux (Mammuthus primigenius) retrouvé en 2012 sur une des anciennes berges de la Marne à Changis-sur-Marne (Seine-et-Marne) n’était pas un mais au moins deux. Parmi les ossements accumulés, en effet, le squelette d’une probable femelle âgée était le mieux représenté, mais un mâle jeune adulte a également pu être identifié par quelques éléments. Tous deux sont morts il y a environ 90 à 100 000 ans, au début du dernier cycle glaciaire connu en Europe, le Weichsélien. Ils faisaient partie des troupeaux de grands herbivores qui ont repeuplé l’Europe occidentale au retour des grands froids et ont pu côtoyer des groupes néandertaliens.
Ces deux individus devaient peser entre 4,5 et 5 tonnes et mesurer au garrot environ 2,9 m pour la femelle et un peu plus de 3 m pour le mâle. L’usure des dents et les stades de soudure des os ont permis d’estimer que la probable femelle avait entre 45 et 55 ans et le mâle entre 25 et 30 ans. Les données recueillies sur l’environnement, grâce notamment aux coquilles de mollusques fossiles présentes dans les sédiments, indiquent un milieu plutôt ouvert, avec une végétation diversifiée, à composante principalement arbustive. Le site devait être régulièrement inondé par des crues de la Marne.
Alors, ces deux mammouths sont-ils morts naturellement, piégés dans un milieu marécageux ou noyés en amont du cours d’eau comme pourrait le suggérer le lieu de leur mise au jour ? La découverte de quelques éclats de silex taillés à proximité immédiate de leurs ossements impose de ne pas exclure une intervention humaine. Si rien ne prouve qu’ils aient été chassés, une exploitation de leurs carcasses encore fraîches est tout à fait plausible, plusieurs os, notamment des côtes, présentant des stries caractéristiques de découpe. Les sédiments ont cependant suffisamment altéré les surfaces pour qu’on ne puisse affirmer que de la viande ou des abats ont été prélevés sur ces individus. L’enquête reste donc ouverte.